Entre le retour de Sex and the City sans Kim Cattrall et le fiasco de Big Brother Célébrités voilà qu’une nouvelle rumeur divise les québécois soit celle de la possible annulation de la semaine de relâche. Je suis le dossier de près depuis hier et les opinions sont assez tranchantes. Les lignes ouvertes sont submergées d’appels de parents, d’enseignants ou de toute autre personne qui juge avoir un avis sur la question.
https://www.journaldequebec.com/2021/01/13/faut-il-annuler-la-semaine-de-relache-scolaire
Pourquoi annuler la semaine de relâche?
Plusieurs se sont prononcés en faveur de l’annulation de la semaine de relâche dans les derniers jours. Cette proposition qui n’a d’ailleurs pas (encore) été approuvée par le ministre Jean-François Roberge attire les foudres des différents acteurs du milieu de l’éducation. Certains parents réclament que les enfants ont accusé assez de retard depuis le début de la pandémie et qu’une semaine de vacances ne creuserait que davantage ce fossé alors que d’autres, ayant écoulé leur banque de congés jugent ne pas pouvoir assumer la surveillance de leur marmaille en confinement à la maison pour une semaine de plus malgré le fait que l’école n’est pas une garderie… Tous les arguments sont valides mais plusieurs resteront sur leur appétit car le ministère devra trancher éventuellement. À 7 semaines (oui je les compte) de la semaine de relâche québécoise, l’équipe-école et les parents devront être mis au courant afin de prévoir leurs flûtes et organiser une fois de plus leur routine en fonction des nombreux changements de dernière minute. Pour l’instant, ça semble être statut quo mais les surprises ne cessent de s’enchaîner et disons qu’il est mieux de ne pas trop se créer d’attentes.
En fait, la tenue ou non de la semaine de relâche me chicote pas mal moins que tout le teacher bashing qui vient avec. C’est d’ailleurs une tendance que je rêve de voir s’essouffler.
How did we get to the point, as a society, where no matter what a teacher does individually and what teachers do collectively, they appear to be universally disliked, open to derision, scorn and constant belittlement?
https://susansenglish.wordpress.com/2020/07/22/why-i-love-an-open-letter-to-the-media-about-teacher-bashing/
À noter que j’inclus également le personnel de soutien scolaire qui est victime par la bande des mêmes stéréotypes dont celui d’être constamment en vacances. Question d’être 100% transparente et claire sur le sujet, sachez que la plupart de ces “congés” sont à nos frais, ou payés grâce à du temps supplémentaire cumulé au cours de l’année et que ces heures ne peuvent être prises qu’en l’absence des élèves donc durant les journées pédagogiques ou la semaine de relâche. Comme je suis à l’école virtuelle, il n’y a pas de possibilité de cumul d’heures ce qui implique que je dois prendre ma relâche sans solde, je ne fais pas pitié mais je tenais à ce que vous sachiez que ce n’est pas plus jojo de notre côté. Y’a plusieurs petites lignes qui passent sous silence et qui nous donnent l’air d’être toujours en congé à se pogner le beigne à deux mains. Si vous saviez.
Tentons plutôt, collectivement, de trouver une solution pour le bien-être de nos étudiants surtout ceux qui vivent avec des problèmes d’apprentissage ou tout autre trouble qui rend le parcours un peu plus difficile que leurs pairs au lieu de nous diviser. C’est tout sauf aidant.
Quand les bottines ne suivent pas les babines
Dernièrement, on utilise beaucoup le prétexte que l’éducation est une priorité pour précipiter les ouvertures des classes mais on oublie de soutenir le personnel qui tombe comme des mouches. Comme partout, nous manquons de jus de bras mais c’est moins grave parce qu’on a ” 2 mois de vacances par année” pour nous en remettre. L’éducation est soudainement au coeur des préoccupations de notre gouvernement alors que nos jobs ont été charcutées è grands coups de machette dans les dernières années. J’ai commencé ma carrière avec un poste de 18 heures comme TES. 18 heures et j’étais contente parce que c’étais un “bon” poste. Bien sûr que je devais compenser en surveillant des dîners et en remplaçant au service de garde pour gagner un semblant de salaire. Pourtant, les besoins ne font qu’augmenter et nous sommes arrivés face au mur. Nous étions fatigués bien avant la pandémie, nous jonglions avec toutes nos tâches connexes sur lesquelles nous venons d’ajouter une grosse couche de glaçage passé date qui laisse un goût amer dans le fond de la bouche. Mais l’éducation est une priorité au Québec. Plusieurs de nos écoles publiques tombent en ruines, nous manquons de matériel, nous ne sommes aucunement considérés par la société qui lève le nez sur notre profession alors que nous passons pas mal plus de temps avec leurs enfants que les nôtres. Alors le faux débat de la semaine de relâche ne fait qu’ajouter une pression, un stress et un immense gap entre nous. À 9 mois des arcs-en-ciel et du “Ça va bien aller”, nous sommes cernés jusqu’au nombril et plus divisés que jamais. Toute va bien gang!
Tant qu’à tout mettre sur le dos de la relâche scolaire, assurons-nous que les frontières soient fermées, que les gens ne puissent aller se faire bronzer dans le sud, qu’il puisse y avoir des ressources supplémentaires de tutorat accessibles pour tous les élèves, du soutien pour les parents et que l’aide psychologique puisse être accessible rapidement et gratuitement pour tous. On a ouvert les écoles sous prétexte de préserver la santé mentale de nos enfants mais à un moment donné il faut que les bottines suivent les babines. Ce que ça coûterait à l’état d’annuler la semaine de relâche pourrait être réinvesti en soutien aux élèves, aux parents et aux membres du personnel qui commencent à en avoir plein les baskets. Mais comme d’habitude, je dis ça je dis rien…
En espérant que nous puissions nous rendre au mois de juin sans trop de démissions mais mon éternel cynisme me dit de ne pas trop rêver en couleur. Pour ma part, il n’y a pas une journée où je ne contemple pas cette coupure drastique avec ce milieu qui m’éteint à petit feu.
Je vous laisse ici quelques billets intéressants qui traitent de la situation dans les écoles:
Je quitte la classe parce que je suis méprisé de plusieurs façons dans mon travail: par les paroles du gouvernement, par les gens qui m’entourent, par mon assurance médicale qui augmente sans nouveau service malgré une “négociation”, etc.
La photocopieuse de m. Jason
Elles font ce qu’elles peuvent dans l’horaire de 32 heures, mais elles ne travaillent bien évidemment jamais 32 heures. C’est toujours plus que 32 heures. Les corrections, la préparation, les communications avec les parents…
Si l’école était importante
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/592891/point-de-vue-l-ecole-principal-lieu-d-eclosion
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