J’ai hâte.
Dernièrement, j’ai l’impression que chacune de mes phrases débute par ces quelques mots qui m’excitent l’âme.
J’ai passé quelques séjours à l’hôpital dans ma vie, trop à mon avis, et j’ai souvent eu le même sentiment que je vis aujourd’hui soit celui d’anticiper le retour à la normale. Je me rappelle d’avoir hâte de remonter la pente pour souper aux hot-dogs et aux chips au ketchup, de boire du vin avec mon chum et mes amies mais surtout de retrouver mon énergie. Hier soir, mon amoureux et moi avons eu une conversation sur l’oreiller, la toute première fois où nous échangions sur ce qui nous manquait le plus. C’est bête mais c’est comme si les premiers mois nous ont tenus en haleine au point d’en oublier le reste, nous voyions nos familles en avant de la maison, en pantoufles sur le balcon, lavions notre épicerie et attendions impatiemment le point de presse quotidien. Ensuite, y’a eu l’été où nous avons eu un mini rikiki répit. Nous avons vu quelques amis à l’extérieur au chalet, avons pu jouer au parc et avons surtout mis de côté nos écrans un peu le temps de quelques puffs d’air frais.
Ensuite, nous sommes entrés dans l’infâme deuxième vague qui nous a ramassés tel un tsunami. Un criss de gros bouillon qui nous a laissé le pire feeling d’eau salée dans le nez. On a pu profiter des restos jusqu’au début octobre pour ensuite les voir tomber un à un suite au “défi 28 jours”, défi qui est toujours en vigueur soit dit en passant. Les classes ne sont toujours pas aérées, nous sommes de retour à l’école en ligne et les centres commerciaux sont toujours bien remplis. Noël se fera sur Zoom et les rouleaux de dinde feront leur comeback. Bref, la réalité nous rentre dedans solide et après presqu’un an sans contacts sociaux, je suis maintenant à l’étape d’avoir hâte, hâte de toute.
J’ai hâte:
- D’être dans un group chat avec mes amies pour prévoir un souper pot luck dans lequel nous n’arriverons jamais à déterminer qui apporte quoi et finirons par manger une baguette avec un brie accompagnés d’un sac de Tostitos.
- D’aller aux Foufounes Électriques prendre une pinte de Guinness avant un show au feu Métropolis.
- De pisser en squattant pendant une toune que je trouve plate et de revenir en courant parce que je viens d’entendre les premières notes de MA chanson.
- D’aller reconduire mes enfants chez mes parents pour un souper au resto avec mon mari suivi d’une soirée au casino à jouer dans les machines à 0.05$ parce que je suis gratteuse et que je me suis juste sortie un 20$.
- De booker un hôtel douteux à New York City pour poursuivre notre tradition du temps des fêtes. Boire un café en sillonnant les rues de la grosse pomme avec ma famille, ma soeur et sa blonde, en quête de rien et en tombant sur tout. Finir la soirée en buvant du vin rouge acheté au Duty Free dans le verre de la salle de la bain de l’hôtel en écoutant Elf tous collés dans le lit.
- D’accueillir mes amies et toute leur marmaille chez nous, jaser jusqu’à tard et entendre notre progéniture rire et jouer dans le sous-sol oubliant que le lendemain matin va être de la bouette.
- De tenter d’organiser ce même souper pendant des semaines parce qu’il y en a toujours une qui choke ou un enfant qui a la morve au nez.
- De partir sur une gosse quelque part au Québec, visiter les p’tites boutiques et goûter à tout ce qui nous tombe sous la dent.
- De bercer les nouveaux bébés de la famille et ne pas avoir peur qu’ils ne sachent pas on est qui.
- De visiter mes grands-parents, cacher mon septum et mes tatouages, me bourrer de kourabiedes et de café grec au point d’en avoir le shake et écouter mes enfants pianoter sur la pièce imposante qui a bercé mon enfance.
- D’organiser notre voyage annuel de “surf” à Jenness Beach pendant le weekend de la Fête du Travail. Retrouver la même centaine québécois sur la plage et les croiser au déjeuner du Dunes Motor Inn. Chialer que c’est trop cher, que l’eau est frette et que la maudite bière des States goûte l’eau. Mettre une photo de moi en wetsuit, planche de surf sous le bras feignant de me diriger vers l’eau telle la p’tite cute dans Blue Crush.
Ceci n’est qu’un échantillon de ma liste. Je sais que plusieurs de ces souhaits ne seront réalisables que dans plusieurs mois alors qu’il sera peut-être trop tard pour d’autres. Les grands-parents ne sont pas éternels, les bébés vieillissent et les Foufs risquent d’être fermées d’ici à ce qu’on nous puissions y retourner. Certains de ces moments ne reviendront jamais, des souvenirs qui nous ont été volés mais malgré mon éternel cynisme, je ne peux m’empêcher d’avoir hâte de vous retrouver.
De quoi avez-vous hâte?
Laisser un commentaire