Tous les jours, le Québec en entier se donne rendez-vous devant la radio, fins prêts à accueillir les nouvelles recommandations du premier ministre et de ses acolytes. Une fois le choc du début absorbé, nous voilà face à la réalité d’un confinement prolongé, de la folie dans les CHSLD et de l’incertitude face au retour en classe. Tous les jours, M. Legault prend soin de remercier nos anges: ceux et celles qui sont au front et qui travaillent quotidiennement dans la zone chaude de la COVID-19 mais que faisons-nous concrètement pour ces personnes?
Qui sont nos anges gardiens?
On pense d’emblée aux préposées aux bénéficiaires, aux paramédics, aux infirmières et aux médecins mais derrière cette grosse machine se cachent de nombreuses fourmis qui travaillent dans des conditions ô combien difficiles. Je pense notamment à tout le personne spécialisé en réadaptation qui œuvrent notamment dans les CSSS et qui tentent de favoriser le maintien à domicile de leurs clientèle qu’elle soit âgée ou non. Malgré la crise de la COVID-19, ces services jugés essentiels n’ont pas été mis sur pause. Cependant, l’éclosion du virus dans les différents centres, le manque de matériel et de personnel ont transformé les travailleurs du domaine de la santé en des êtres anxieux et complètement dépassés par la situation.
Travailler dans la zone chaude
J’ai parlé avec une amie qui est thérapeute en réadaptation physique au soutien à domicile et je ne peux qu’admirer sa force et sa résilience. Elle doit se rendre chez les gens afin de continuer le processus de réadaptation afin que ces derniers puissent demeurer le plus longtemps possible à leur domicile. On s’entend que chaque rencontre est un risque accru pour la santé du travailleur sans oublier le matériel qui se fait de plus en plus rare: ” lorsque nous devons nous rendre chez un client possiblement positif, nous devons demander le matériel nécessaire pour nous protéger et ce dernier arrive souvent trop tard.” me racontait Geneviève, thérapeute en réadaptation. Cette dernière sera d’ailleurs sur l’équipe qui travaillera auprès des patients testés positifs à la COVID-19. Présentement en formation pour assurer les bonnes procédures, elle me mentionnait notamment que pour elle, le plus grand enjeu sera d’éviter la contamination suite à ses visites à domicile: ” je devrai me déshabiller avant d’entrer dans ma voiture et j’ai la chance que mon mari m’aille préparer un petit coin dans le garage afin d’y mettre mon manteau, mes bottes et toute autre pièce de vêtement possiblement contaminée mais ça ne sera tristement pas le cas pour tout le monde. Je le sais que je vais être infectée inévitablement mais je ne veux juste pas mettre ma famille à risque.” me racontait-elle, visiblement préoccupée par la situation.
La santé mentale et les congés fériés
Alors qu’on nous dit que les meilleurs jours s’en viennent, plusieurs travailleurs et travailleuses ont non-seulement de la broue dans le toupet mais sont littéralement sur le bord du gouffre. Les dernières semaines ont été intenses et nous ne sommes malheureusement pas encore sortis du bois. Plus de 700 nouveaux cas quotidiennement, nos aînés qui tombent comme des mouches et l’impossible conciliation travail-famille alors que tout est fermé est loin d’être easy breezy. Le gouvernement fait appel aux retraités et à toutes les personnes formées dans un domaine connexe à venir en renfort. Nos chers anges gardiens travaillent des doubles et ne peuvent avoir accès aux congés forcés; il me semble qu’un petit break serait grandement utile si on veut les garder sur pied. Il leur faudrait un petit peu plus d’humaniste outre les remerciements généraux lancés à la radio. Le capital de sympathie a fait son temps, il faut maintenant protéger nos anges avant que ces derniers ne perdent leurs ailes.
PS.: Lorsqu’il sera temps de parler de l’après-crise, il faudra impérativement penser aux filets de sécurité et à du soutien psychologique gratuit pour tous ceux qui s’en sortiront complètement vidés de cette foutue pandémie. A little food for thought pendant qu’on y est parce que c’est loin d’être fini.
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