Au début ce n’était que facultatif, on gérait du mieux qu’on pouvait les apprentissages entre deux crises de panique jusqu’à ce que tout devienne obligatoire voire évalué et que nos enseignants se sont mis à pédaler sur un moyen temps. Rattraper les semaines perdues en envoyant du matériel, en planifiant des Zoom, des Google Meet sans oublier Class Dojo et les appels de suivi. Les profs et TES ont de la pression de leurs patrons et les parents (mamans dans bien des cas) se retrouvent avec un horaire supplémentaire à intégrer à deux autres horaires. L’enfer!
Moi, pédagogue?
On a beau être parents, on ne peut malheureusement s’improviser pédagogues du jour au lendemain. Y’a des personnes dans mon entourage virtuel qui ont fait le choix de faire l’école à la maison pour le bien être de leurs enfants soit par conviction ou parce que la structure de l’école actuelle ne répond pas aux besoins spécifiques de ces derniers. Ça ne se fait pas en criant ciseaux et encore moins pendant que les parents sont en télétravail et/ou en train de perdre leur entreprise à cause d’une pandémie mondiale. Tout le monde s’entend là-dessus. Pourtant, c’est ce qui nous est demandé en ce moment.
Si le sujet de l’école à la maison(la vraie) ou les apprentissages en famille vous intéresse, je vous invite à découvrir Marie-Noelle Marineau qui en parle avec nuance et intelligence.
Jouer à l’école
Je suis exténuée et je n’ai qu’une enfant en maternelle qui reçoit quand même du nouveau matériel à tous les jours. Je suis entourée de magnifiques mamans toutes aussi brûlées les unes que les autres par leur nouveau rôle de prof. Ce n’est pas un secret des dieux, nos enfants sont beaucoup moins patients et motivés avec nous qu’avec leur chère enseignante. Comment expliquer concrètement à un enfant de 6-7 ans que l’école est fermée, qu’ils peuvent voir leurs amis via un site web où les échanges se font de façon cacophonique et que c’est dorénavant maman et papa qui sont en charge de l’académique. J’ai droit à des crises, à plusieurs épisodes de boudin sans oublier la petite soeur qui veut elle aussi “jouer à l’école”. On ajoute à ça les trois repas par jour, les 20 000 snacks, le ménage (parce que les enfants sont à temps plein à la maison), le télétravail et la gestion du quotidien en mode confinement. Je m’ennuie du temps où je “jouais à la maîtresse d’école” avec ma petite soeur et que je me trouvais bien hot de corriger ses travaux avec mon crayon rouge.
Calmos la performance
Cette situation exceptionnelle est une première pour tout le monde. Nous nous sommes déprogrammés afin de réapprendre à vivre avec cette nouvelle normalité. Ce que je donnerais pour une bonne tape dans le dos ou un câlin (moi qui n’est pas fan des contacts physiques). Nous sommes bombardés d’infos depuis le jour 1 et les millions de courriels et d’appels n’aident pas notre cause. Je ne reproche aucunement les enseignants qui ne font que suivre les directives des hauts-placés mais comme parents, il faut aussi comprendre notre réalité. On s’entend que nos enfants ont tous perdu une demi-année. Ils débuteront tous l’école l’an prochain avec un peu de retard (ou pas) et le rattraperont une fois le milieu scolaire réintégré. On peut aussi prendre ce moment pour reconnecter avec nos enfants, mettre de côté la performance pour faire un plus de place aux relations humaines.
Apprendre au-delà de l’ABC
L’académique est important mais il y a des trucs aussi importants, que nous pouvons enseigner à nos enfants. Dans les dernières semaines, nous avons travaillé la gestion de l’imprévu, l’autonomie dans les petits gestes du quotidien, l’entraide et l’empathie. Le savoir-être est aussi important que connaître la différence entre une abeille et une guêpe. En passant, on l’a Googlé: https://www.apiculture.net/blog/comment-reconnaitre-une-guepe-d-une-abeille-n237
Nous avons pris des marches, salué nos voisins, exploré la forêt, écouté des documentaires et jasé plus que jamais. Ces apprentissages ne se pondèrent pas et ne peuvent être entrés dans une grille d’évaluation. Nos enfants sont résilients et deviendront des adultes peut-être moins rigides et prêts à affronter vents et marées.
Au cas où on vous ne l’a pas dit encore, sachez chers parents que vous extraordinaires, que vous faites votre gros possible et que vos enfants sont chanceux de vous avoir. C’est un privilège de pouvoir enseigner quoi que ce soit à nos enfants et tout l’amour que vous pouvez leur donner est le plus beau cadeau du monde. Arrêtons de nous mettre cette pression de performance comme s’ils étaient en train de terminer leur doctorat. Ils vont être corrects. On ne le sait pas encore si ça va bien aller mais d’ici-là, on peut bien se dire qu’entre nous on peut bien s’entraider.
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