Je vais tenter de rester impartiale mais ça ne sera pas évident.
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé le retour graduel des enfants d’âge primaire sur les bancs d’école. Selon ce même gouvernement, les décisions semblent être prises dans l’urgence d’agir et je peux comprendre qu’à un moment donné, nous devons nous lancer mais à quel prix.
Se déconfiner ne sera pas une tâche facile, loin de là. Pour les parents anxieux, ce sera déchirant d’envoyer leurs minis en pleine pandémie mais la situation socio-économique de chacun viendra certainement influencer le choix voire l’obligation de réintégrer les enfants à l’école et/ou la garderie. Parmi ces personnes, je pense notamment aux parents d’enfants handicapés qui ont dû traverser les dernières semaines sans aide ni répit et qui se retrouvent face à l’envie de voir son enfant retrouver une routine tout en sachant que le milieu ne pourra répondre à 100% aux besoins de leurs précieux.
Où sont les zones grises
Tout n’est pas noir ou blanc. J’ai l’impression que nos dirigeants ne réalisent pas l’importance de considérer les milieux qui accueillent des élèves qui vivent en situation de handicap qui sont davantage à risque de contracter des virus tels que la COVID-19. On s’entend qu’il sera extrêmement difficile pour les enfants, de milieux réguliers, de respecter les mesures de distanciation sociale autant entre eux qu’avec leur enseignant alors prenons un moment pour imaginer nos élèves qui ont une déficience motrice et qui nécessitent l’aide d’un intervenant pour l’ensemble de ses activités de la vie quotidienne. Rappelons-nous que le port du masque n’est toujours pas obligatoire pour les enseignants…
Je ne fais que ventiler en ce moment et je suis loin de m’attendre à avoir des réponses à mes 1001 questions mais je lis les nombreux commentaires des parents inquiets sur les réseaux sociaux qui hésitent à envoyer leur enfant à l’école et qui connaissent la réalité du milieu qui était déjà précaire avant même le début de la crise en mars dernier. Nous manquions de personnel, les classes débordaient, le matériel se faisait rare et les ” toutes tâches connexes” ne cessaient d’augmenter. Réintégrer un système malade en pleine pandémie ça reste tout de même paradoxal. Les directions travaillent jours et nuits et demandent une flexibilité de la part du ministère mais c’est loin d’être gagné d’avance.
Avons-nous réfléchi à nos chers élèves en grandes difficultés et je ne vous parle pas ici des enfants vivant avec des troubles d’apprentissage mais plutôt de jeunes vivant avec un TSA, une déficience intellectuelle et/ou motrice, un non-voyance ou une surdité sans oublier nos cocos atteints de maladies dégénératives qui ont besoin de soins spécifiques. Comment ferons-nous pour poursuivre leur scolarité dans de telles circonstances tout en protégeant l’ensemble des membres du personnel. Ça ne me rentre pas dans la tête.
Je suis perplexe et mes idées se bousculent au point de m’empêcher de dormir. Je suis de tout coeur avec tous ces parents qui ne savent pas s’ils devraient. Je pense à vous et je ne vous dirai pas que ça va bien aller parce que plus ça va, plus je suis désillusionnée. On va plutôt se donner du gros love et une bonne tape dans le dos avec une bonne dose de courage pour continuer.
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