Non, la crise n’est pas une bénédiction

Comme à tous les dimanches depuis des lunes, j’ai l’habitude de m’installer devant mon téléviseur à 20 heures tapantes pour écouter Tout le monde en parle. La formule habituelle a changé depuis le début du confinement et c’est vraiment tant mieux car on a maintenant accès à toute l’info en temps réel. Cependant, le risque du direct est bien présent et quoi que toujours bien préparée, l’équipe de TLMEP n’a pas toujours le contrôle sur ce que disent leurs invités.

Je suis restée perplexe suite au passage de la chanteuse Isabelle Boulay à l’émission Tout le monde en parle dimanche dernier. Cette dernière a parlé des différentes difficultés qu’elle vit en cette période de confinement mais ce qui m’a titillé est plutôt lorsque l’artiste a qualifié la crise de « bénédiction ». On va se le dire, il y a certainement des beaux moments pour les plus privilégiés d’entre nous mais de là à se sentir en période de grâce alors que l’ensemble des québécois se retrouvent sans emploi du jour au lendemain est nettement insultant.

La chanteuse n’est pas la seule à considérer la crise de la COVID-19 comme étant positive et malgré l’optimisme impressionnant de ces personnes, je ne peux faire autrement qu’être inquiète par ce flagrant vent de nombrilisme. Les photos de dauphins enfin libres, l’omniprésence de la désinformation et les gens qui se considèrent en vacances me préoccupent. Mon cynisme et mon anxiété ne m’aident pas à m’accrocher au positif même si j’ai des arc-en-ciels d’accrochés un peu partout dans les fenêtres de ma maison.

Photo de Sharon McCutcheon sur Pexels.com

Ça pète de partout, les gens ont dû mettre la clé dans la porte de leur entreprise dans laquelle ils ont tout misé alors que d’autres doivent soudainement se tourner vers les banques alimentaires et le fond d’urgence qui est à peine assez pour payer leur loyer. Je fais partie des privilégiées qui ont un toit, de la bouffe, un peu de sous de côté et une famille en santé mais on s’entend que c’est loin d’être le cas pour tout le monde. Pensons à tous ces adultes qui ne peuvent voir leurs parents aînés avant que ces derniers ne succombent au virus alors que d’autres ont été tout simplement abandonnés dans leurs excréments avant de s’éteindre seuls loin des leurs. Les écoles sont fermées, l’économie va flancher et il y a encore plus de 600 personnes qui s’ajoutent au bilan quotidiennement alors de caller la bénédiction est un peu fort. Ce n’est pas parce que certains d’entre nous avons soudainement le temps de faire du pain et des mandalas que toute la gang se retrouve dans le même bateau. J’invite les personnes qui ont le temps et la santé à donner un coup de main que ce soit en utilisant sa tribune à bon escient, à aller en renfort dans les CHSLD, à faire du bénévolat pour les aînés ou toute autre action qui sera bénéfique pour les québécois sur qui le ciel vient tout juste de tomber.

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