Le paradoxe du vide: c’est aussi correct de relaxer

Nos vies sont bien remplies, c’est connu. Depuis le début du confinement, il y a tout un silence inhabituel qui s’installe dans nos foyers. Un bruit blanc arrivé d’un coup sec.

Les rues sont désertes, les restaurants fermés, les spectacles annulés. Ce décor fixe a quelque chose de terrifiant et d’apaisant en même temps. Bon temps pour les introvertis, dont je fais partie. Enfin, le silence. Le vide !

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Comment se fait-il qu’à l’année longue on espère une trêve, un moment pour faire ce qu’on n’a jamais le temps de terminer — ou même de commencer — et qu’une fois cette opportunité devant nous, le bouton performance clignote ?

Il faut meubler ce vide, on cherche des idées puisqu’on voit défiler sur les réseaux sociaux les horaires au quart de tour des enfants, les gens heureux qui cuisinent, les entrainements de salon…

Le temps presse : on sort nos cahiers et crayons, la vieille gouache. On emprunte 8 livres numériques — et dans la langue de Shakespeare, minimum 400 pages svp — pour se donner du défi. On fouille pour des recettes, on achète les ingrédients pour faire notre pain et pourquoi pas notre granola. On sort la machine à coudre. On se commande un casse-tête 2000 morceaux monochromes. On tient une liste de tous les sites pédagogiques de la francophonie pour nos enfants. C’est pas vrai que le p’tit dernier va perdre son avance académique !

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Au final, il est 4 heures et quart et on contemple encore le fil des réseaux sociaux, en pyjama, pas de brassière, les cheveux négligés, répondu à des quizz insignifiants, écouté les points de presse de nos gouvernements, le laptop sur les genoux, dans le même fauteuil depuis le matin.

Au souper, on mange des sandwichs aux tomates après avoir arraché notre enfant à sa manette, parce qu’on lui a concédé du temps d’écran pour le récompenser d’avoir réussi à faire 30 minutes d’exercices en ligne même si ça lague. Après tout, ça lui permet de jaser en ligne avec ses amis. (Pour être honnête, on a nous-mêmes pas mal socialisé avec nos amis sur notre téléphone, les sourcils froncés, comme si on était en train de résoudre de grandes énigmes). 

Et pendant que notre prunelle était occupée, on en a profité pour faire une brassée, laver la vaisselle, organiser la garde-robe d’entrée. Puis, on s’est dit qu’il fallait aller prendre une belle marche assez longue pour que ça vaille la peine et que, tant qu’à y être, on pourrait laver les fenêtres.

Pas de repos pour nous, ni pour notre progéniture, parce qu’on a cherché à optimiser notre temps, tout le temps en mode multi-tâches. 

On performe notre confinement. On peaufine notre stratégie de comblement du vide. On fait du bruit pour se garder occuper.

Puis, au bout de quelques jours, on finit par relativiser. On s’adapte à notre nouvelle réalité. 

Ça va ben aller.

On peut se reposer… demain !

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