À la veille de la mère, je me sens un peu sur les freins face à cette fête teintée d’hypocrisie. Quand je pense à la petite Stéphanie du passé qui cherchait un cadeau genré de dernière minute à offrir à sa mère sans se demander réellement ce qu’elle désirait vraiment. Je ne cherchais pas à savoir si elle était heureuse, épanouie ou comblée, j’achetais un bouquet de fleurs au IGA et une carte Hallmark à la prose cheapette. Maintenant que je suis maman, j’en ai littéralement rien à battre de la fête des mères tant et aussi longtemps que ces dernières vivront dans une société où leur statut n’est pas considéré.
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Je vous entends déjà me traiter de cynique et de rabat-joie mais c’est le malaise que j’éprouve est légitime et j’ai besoin de le partager. J’en ai plus qu’assez des mamans à boutte qui ont besoin du litre de Masi rouge pour passer à travers la semaine. En fait, je ne suis pas tannée d’elles mais plutôt du message qu’elles livrent à travers leurs discours contradictoires. Le jour où j’ai compris que ma fatigue chronique et mon stress démesuré étaient liés à ce qu’on appelle poliment ” la charge mentale ” et que j’ai réalisé que ce phénomène existait dans la plupart des foyers familiaux, j’ai vécu une réelle épiphanie. Mais à partir de là, comment fait-on pour rééquilibrer le tout? C’est un sujet récurrent dans mon couple et nous tentons, à deux, d’amener une dynamique saine et paritaire afin de prolonger la vie de notre duo. Alors quand j’entends des mères s’auto-flageller et se traiter de “folles” et responsables de cette charge ô combien mentale, ça me scie les jambes en deux. Je n’ai pas besoin d’un d’une rose éternelle viarge, j’ai besoin de vivre dans un monde où les mères arrêteront de se complaire de l’ordinaire.
Dans la dernière semaine, j’ai entendu des discours anti-féministes, pris connaissance de statistiques qui démontrent que le salaire des femmes est encore nettement loin d’atteindre celui de l’homme et ce, dans 92 % des circonscriptions québécoises, entendu dire que le Québec était une société matriarcale (haha) et grincé des dents en écoutant une entrevue radio traitant de la crise de la masculinité au Québec. Alors le rabais de 20% à la Senza ou le cadeau spécial qui vient avec mon repas poitrine du St-Hub, je n’ai pas besoin de vous dire que ça ne m’intéresse pas.
Au lieu de dépenser en bidules futiles, prenons dont le temps de repenser à notre société. Au lieu d’un cadeau je suggère plutôt de discuter de la charge mentale, arrêter de mettre la corde au cou des centres de périnatalité, permettre aux femmes d’accoucher sans violence gynécologique, déconstruire ses jugements face à la dépression post-partum et j’en passe. Sur ce, je vous souhaite une fête des mères remplie de réflexions, de discussions et d’amour. Ça l’air plate vite de même mais c’est pas mal plus durable qu’un bouquet de roses.