Il me semble que nous sommes maintenant relativement bien outillés pour intervenir dans les cas d’intimidation. Nous sensibilisons nos jeunes, nous prenons le temps de les éduquer et nous réagissons rapidement lorsqu’une situation survient. Lorsque j’étais éducatrice plancher, un de mes mandats était entre autre de créer du matériel, des scénarios sociaux et des ateliers pour expliquer aux élèves comme repérer les signes d’intimidation et comment trouver des moyens pour en venir à bout.
En théorie, tout est bien beau. Le gouvernement a investi des sous dans ses campagnes, le personnel a été formé mais qu’en est-il quand l’intimidation se passe à même l’équipe de travail? Sommes-nous vraiment prêts pour dealer avec une telle situation?
C’est normal qu’à même une équipe d’une cinquantaine d’adultes qui travaillent ensemble tous les jours, qu’il y aille des gens avec qui nous partageons davantage de points communs et c’est bien correct. Ce qui n’est pas acceptable, c’est de s’acharner volontairement sur une personne en particulier, tous les jours, de la discréditer devant les autres et de chercher à lui nuire quotidiennement. Tout ceci va au-delà d’un simple différend ou conflit de personnalité.
J’en parle parce que ça arrive tellement souvent et il semble encore plutôt tabou d’en parler. Quand il s’agit des jeunes, nous sommes bien mobilisés mais pourquoi fermons-nous les yeux lorsque cela concerne des collègues de travail. Combien sont en arrêt de travail pour épuisement professionnel dû à un conflit, à une situation d’harcèlement par un patron ou un collègue mais surtout par manque de ressource et de recours. Je trouve cela déplorable que la plupart des milieux se ferment les yeux face à des situations inacceptables, qui cautionnent les comportements des intimidateurs et qui minimisent les impacts réels que ces derniers ont sur leurs victimes.
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On dit que ce sont des chicanes de filles, des malentendus alors qu’il s’agit bel et bien de l’acharnement volontaire contre une personne. Ça part de commentaires condescendants répétitifs, de surveillance accrue, d’influence sur les autres , d’ostracisation et de rejet. Ça me brise le cœur quand j’apprends que des collègues d’autres écoles subissent quotidiennement ce type de traitement.
Je vous demande donc de ne jamais hésiter à dénoncer ces actes lorsque vous en êtes témoins. Je demande la collaboration des cadres qui ont une responsabilité de protéger son personnel. Je demande également à ceux qui peuvent peut-être se reconnaître à travers ce texte, d’arrêter d’intimider parce que c’est exactement ce que vous faites. Comment réagiriez-vous s’il s’agissait de votre enfant qui subissait ce sort. Vous seriez sans doute les premiers à monter aux barricades. Je ne vous demande pas d’aimer tout le monde, bien évidemment. Il serait cependant bien important de mettre de côté vos égos démesurés et d’accueillir vos collègues, professionnellement parlant. Sinon, je vous invite à changer de job car vous n’êtes clairement pas assez qualifiés.
Signé d’une adulte qui s’est fait longtemps intimider
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