Je suis choyée par la maternité depuis bientôt quatre ans. À peine le un huitième de ma vie. J’aime me convaincre que je suis la même, que je n’ai pas tant changé depuis le jour où le petit plus est apparu sur mon test de grossesse. Si je prends un pas de recul, je réalise, à ma semi-grande surprise, que je ne suis plus du tout la même personne. Comment est-ce possible que quatre années prennent le dessus sur les vingt-six premières?
Que je le veuille ou non, tout tourne dorénavant autour de mes filles; la plupart de mes textes, mes photos sur les médias sociaux et même mes conversations. Qui étais-je avant d’être fécondée? Je dois creuser dans mes souvenirs et mes boîtes de photos afin de trouver la réponse à cette question.
Je ne peux cependant pas dire que j’ai des regrets quant à la tournure des événements. Au début de ma vingtaine, je rêvais d’un loft, d’une vie en ville, d’une vie d’artiste qui 5@7 un peu à tous les jours, qui couraille les endroits branchés et les partys underground. En réalité, j’étais une jeune femme de banlieue qui restait chez ses parents et qui sortait quelques soirs par semaine dans les clubs de Laval. Je me cherchais professionnellement, je changeais d’idée souvent. Je faisais la fête, je n’avais pas de cash et je vivais d’amour et de Molson Dry à deux piastres.
Crédit: Giphy
J’avais du fun. Je me couchais tard, en rotant mon McDo. J’allais à l’école, je travaillais et je recommençais. J’étais toujours willing. Un appel suffisait pour me convaincre. J’ai vécu ma vingtaine comme personne. Je n’ai pas fait de conneries, toujours un peu limite sans jamais la dépasser. Je portais des rallonges, j’allais un bronzage et je m’achetais des tops chez Limité.
Des fois je m’ennuie. Je repense à ces soirs où je voyais le soleil se lever, où je n’avais aucune responsabilité. Il m’arrive encore de voir l’aube, entre deux tétées. Je fais écouter du Daddy Yankee à mes enfants et je tente de sauver ma vie sociale mais ce n’est plus pareil. Malgré tous mes efforts, la fatigue frappe vers 10 heures, le p’tit verre de Perrier arrive après le deuxième verre de vin et les talons me donnent beaucoup trop mal aux pieds pour danser toute la nuit.
J’ai changé certes mais je ne veux pas oublier. Je ne veux pas être qu’une mère. Je veux être un peu de tout ça. Je ne veux juste pas m’oublier.
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